Programme Septembre 2009
Vous pouvez télécharger le programme de la rentrée 2009 en cliquant sur la miniature ci-dessous :
L'avis des Montreurs
La fièvre dans le sang /Splendor in the Grass d'Elia Kazan (Etats-Unis / 1962)
Parce qu'ils le disent mieux que moi et qu'ils sont des pros en matière de cinéma américain, quelques citations de Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon (50 ans de cinéma américain) :
"A la question "Qu'est-ce que le cinéma ?", on ne peut répondre (à moins d'écrire un volume) que de façon limitative et arbitraire, en citant des noms, des titres, ou mieux un nom, un titre symbolique. Ce nom, pour nous, pourrait bien être Kazan ; ce titre Splendor in the Grass / La fièvre dans le sang...
Les premiers plans de Splendor in the Grass, les paysages de Wild River / La Rivière Sauvage et de America, America, le parc de l'hôpital, la maison familiale de The Arrangement. Tous ces décors, souvent automnaux et mélancoliques, sont filmés avec amour comme pour les protéger de l'oubli, des ravages du temps. Cinéma de la mémoire où le passé revient sans cesse, comme des vagues inlassables, confrontant et jugeant le présent. La dernière scène de Splendor in the Grass est dans cette optique, la plus belle qui soit filmée... On y brasse, en quelques minutes, plusieurs destins, des rêves, des souvenirs : les blessures, les erreurs, les espoirs et les défaillances qui viennent s'écorcher contre la réalité présente. Le sacrifice, le regret se mêlent intimement à la maladresse, à la résignation, à la beauté d'un poème dont on se souvient encore..."
Une autre voix, celle de Jacques Rivette (Cahiers du Cinéma, juin 1962) :
Splendor in the Grass s'attache à décrire ce travail même du temps, cette obscure dégradation et métamorphose qui fait deux étrangers d'un couple d'amoureux, d'une puissant un homme traqué, d'un pays stable un peuple à la dérive, d'une morale établie une morale caduque. L'écroulement, ou la transformation des valeurs, de toutes les valeurs, tel est l'axe d'un film dont les voix diverses s'unissent sous le commun dénominateur de l'idée de crise."
(Michèle Pujos)