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Les Montreurs d'Images
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29 novembre 2009

Programme Décembre 2009

Vous pouvez télécharger le programme de décembre 09 en cliquant sur la miniature ci-dessous :

D_cembre_09

Le programme de décembre est particulièrement riche en films importants de réalisateurs renommés. Signalons surtout la sortie nationale de Tetro de Francis Ford Coppola, présenté dans notre salle entre le 23 décembre et le 5 janvier 10.

Tetro

L'avis des Montreurs

L_enfer

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea

En 1964, Henri-Georges Clouzot choisit Romy Schneider, 26 ans, et Serge Reggiani, 42 ans, pour être les vedettes de L'Enfer. Un projet énigmatique et insolite, un budget illimité, un film qui devait être un "événement" cinématographique à sa sortie. Mais après 3 semaines de tournage, le drame. Le projet est interrompu, et les images que l'on disait "incroyables" ne seront jamais dévoilées.

Ces images, oubliées depuis un demi-siècle, ont été retrouvées et elles sont plus époustouflantes que la légende l'avait prédit. Elles racontent un film unique, la folie et la jalousie filmées en caméra subjective, l'histoire d'un tournage maudit et celle d'Henri-Georges Clouzot qui avait laissé libre cours à son génie de cinéaste. Jamais Romy n'a été aussi belle et hypnotique. Jamais un auteur n'aura été aussi proche et fusionnel avec le héros qu'il a inventé.

Serge Bromberg et Ruxandra Medrea réussissent ici une "recomposition" de l'oeuvre disparue, créant un nouveau film qui raconte l'histoire de ce naufrage magnifique et qui permet au projet d'exister enfin. En plus des images de l’époque, les réalisateurs ont rencontré et interviewé tous les protagonistes de l’époque, et en particulier les techniciens : cadreurs, directeurs de la photo, preneurs de son, maquilleurs… Grâce au budget illimité, ils avaient carte blanche, et ont tout essayé. La scène du lac est éloquente, elle nous montre le travail titanesque et démentiel nécessaire pour parvenir à des effets spéciaux inédits à cette époque, et évidemment réalisés sans ordinateurs ! En s’inspirant de Vasarely, entre autres, toutes les audaces visuelles étaient envisagées, pour exprimer à chaque fois la même chose : la jalousie pathologique du personnage.

Les témoignages sont riches, pointus, et permettent de se rendre compte de la démesure de ce projet. Finalement, offrir un budget illimité à Clouzot fut peut-être un cadeau empoisonné. Il y perdit pied, s’enfonçant de plus en plus loin dans l’expérimentation. Et les images de l’époque sont d’autant plus troublantes qu’elles ont pour objet Romy Schneider, 26 ans à l’époque, magnifique, magnétique. Ce documentaire nous permet de plonger au cœur de la fabrication d’un film, réalisé par un des plus grands cinéastes français du XXe siècle. L’Enfer n’existe pas, nous nous consolerons avec ses autres chefs-d’œuvre : Le Corbeau, Les Diaboliques, Le Salaire de la Peur

(Pierre Dupont)

Hadewijch de Bruno Dumont (France)

Quel drôle de nom ! De fait, elle s'appelle Céline...

Le personnage titre a vraiment existé, mais au XIIIe siècle. Celle que l'on appelait Hadewijch d'Anvers était une poétesse flamande dont la vie nous est à peu près inconnue. On associe généralement son mysticisme aux Béguines, communauté spirituelle contemplative mi-laïque principalement développée en Flandre hors des couvents. Voici un extrait de ses Poèmes spirituels (traduit du moyen néerlandais par frère J-B P et recueilli dans "Dieu et ses poètes" par Pierre Haïat, Desclée de Brouwer 1987)

"Ce que l'Amour a de plus doux, ce sont ses violences / son abîme insondable est sa forme la plus belle / se perdre en lui, c'est atteindre le but / être affamé de lui c'est se nourrir et se délecter / l'inquiétude d'amour est un état sûr / sa blessure la plus grave est un baume souverain / languir de lui est notre vigueur / c'est en s'éclipsant qu'il se fait découvrir / s'il fait souffrir, il donne pure santé / s'il se cache, il nous dévoile ses secrets / c'est en se refusant qu'il se livre / il est sans rime ni raison et c'est sa poésie / en nous captivant il nous libère / ses coups les plus durs sont ses plus douces consolations / s'il nous prend tout, quel bénéfice ! / C'est lorsqu'il s'en va qu'il nous est le plus proche / son silence le plus profond est son chant le plus haut / sa pire colère est sa plus gracieuse récompense / sa menace nous rassure / et sa tristesse console de tous les chagrins : / ne rien avoir, c'est sa richesse inépuisable."

Bruno Dumont a choisi de transplanter cette soif d'absolu dans le XXIe siècle en Julie Sokolowski, la jeune comédienne qui l'incarne dans son film. Elle est d'un naturel et d'une simplicité éblouissants. Et elle nous fait vivre dans son corps sa souffrance et sa candide sensualité, sa totale ouverture à un monde, aux autres mais aussi sa quête de l'absolu qui dérive jusqu'à la négation de l'humanité au nom de Dieu.

Car le film est d'une actualité brûlante : ce que montre, d'après moi, le film de Bruno Dumont, c'est que la spiritualité recherchée dans l'absolu de Dieu ne peut mener qu'au fanatisme, que, si aujourd'hui, on attribue à l'Islam intégriste la responsabilité de ce cheminement, il existe aussi dans le Christianisme, ce que prouve notre lointaine histoire. Le plan où Céline est cadrée en prière avec ses deux amis musulmans l'explicite clairement par l'image.

Au cours du débat avec Bruno Dumont qui a suivi la projection du film à Auch, le réalisateur a développé sa pensée : il a rappelé que la spiritualité s'était essentiellement exprimée à travers les religions, produisant des oeuvres belles, atteignant des sommets artistiques mais avec le corollaire du fanatisme, qu'aujourd'hui il manquait au monde l'expression d'une spiritualité profane capable d'exalter avec autant de perfection, non l'amour de Dieu mais l'amour de l'humanité.

Le dénouement du film, dans son étrangeté, montre à mon avis que son héroïne y est parvenue. J'ajoute que le film est très beau au niveau cinématographique.

(Michèle Pujos)

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Commentaires
A
Voilà un "coup de gueule" totalement crédible, sincère et légitime. Cela me plaît beaucoup de trouver encore une indignation et par ces temps qui courent, d'une personne capable de l'exprimer avec à la fois dignité et détermination. Bravo !
Y
"Vincere" ... J'aurais tout simplement aimé écouter la musique du générique de fin, voir les références des musiques, rester encore un peu dans l'émotion...<br /> <br /> Sans doute suis-je d'un autre temps puisque même aux "Montreurs d'images" les gens se lèvent bruyamment sitôt le mot "fin" et restent debout dans la salle, pérorant et empêchant toute écoute et vision du générique. Outre les conditions de diffusion, loin d'être idéales, il m'a fallu subir le manque de respect, l'impolitesse d'un public qui ne ressemble en rien à celui d'un public d'Art et Essais, censé respecter jusqu'au bout l'œuvre du metteur en scène qui a pensé et réalisé le générique de fin. Il me semble que le spectateur a tout loisir de se lever et de quitter discrètement la salle quand bon lui semble à tout moment et cela dans le respect d'autrui...Soutenir l'action des cinémas d'art et essais c'est aussi revendiquer de bonnes conditions de diffusion et d'écoute à moins qu'il ne faille se résigner et ne rien dire du mépris de l'autre pour être dans la mouvance Sarkozyste, auquel cas pourquoi pas les pop-corn et le coca-cola ? Le débat est ouvert. <br /> <br /> Yveline Subirade
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Bravo pour ce travail et merci pour le 7e Art, majeur quoiqu'on n'en dise ! Une excellente année 2010 à toute l'équipe et une mention à toi Roland. Bien à vous, Amexour
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