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Les Montreurs d'Images
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14 janvier 2011

Programme Janvier 2011

Vous pouvez découvrir le programme de janvier 2011 en cliquant sur la miniature ci-dessous. 2011 s'ouvrira par un grand nombre de séances dédiées au dernier film de Mike Leigh, Another Year, et s'articulera notamment aussi autour de deux festivals : le Festival Télérama auquel nous participons depuis plusieurs années et le plus récent Festival Cinéma & Justice.

Les Montreurs d'Images vous souhaitent d'agréables fêtes de fin d'année et une avalanche de bons films,

au pied de votre sapin ou... dans notre salle !

 

Janvier_11

Grille_Horaire_Janvier_2011

 

another_year

 

Les Animations des Montreurs

5_FESTIVAL_CINEMA_TELERAMA

Du 19 au 25 janvier : Festival Télérama

Comme tous les ans, vous pouvez découvrir ou redécouvrir une sélection de films de l'année 2010 à des conditions préférentielles. Le tarif est de 3 €  : sur présentation du Pass qui figurera dans le magazine Télérama, complété du nom et de l'adresse du porteur, nous vous remettrons une carte valable pour deux personnes durant toute la manifestation. Ce Pass sera disponible dans le Télérama précédent le festival et dans celui de la semaine du festival. Les films présentés aux Montreurs seront les suivants :

   

the_social_network  bright_star  des_hommes_et_des_dieux

 

myst_res_de_lisbonne

   

poetry  another_year_poster01  dans_ses_yeux

 

L'Avis des Montreurs

another_year_poster01

Another Year de Mike Leigh (Grande Bretagne)

Mike Leigh est l'un des peintres les plus attentionnés de la middle class anglaise, de ces gens de peu : qui vivent de peu, certes, mais dont le bonheur repose également sur peu de choses. Un cinéma du naturalisme tendre, de la modestie affichée et de la simplicité, au plus près du quotidien trivial ou triste d'une foule de personnages dont le spectateur finit par se sentir proche. Un Ken Loach moins direct, moins visiblement revendicatif mais tout aussi humaniste.

"Another Year" comporte une galerie de personnages mémorables qui appartiennent à la famille élargie des précédents films de Mike Leigh : des êtres blessés par la solitude, esquintés par des ruptures ou des échecs professionnels et auxquels on s'attache rapidement au fil des saisons que dépeint le réalisateur comme autant de tranches de vie. Malgré Tom et Gerri, un couple de Bons Samaritains, condamnés parfois malgré eux à partager leur vitalité et leur bien-être, Another Year est un film relativement anxiogène, un film dépressif et paradoxalement suintant d'espoir. Si l'on excepte le noyau familial du couple central et de leur fils Joe accompagné de sa pétulante et enjouée girlfriend Kathy, ce dernier opus de Mike Leigh brosse pourtant le portrait d'une foule de personnages plus écorchés par la vie les uns que les autres : une patiente obsédée par son sommeil (l'impressionnante comédienne Imelda Staunton, totalement fermée sur elle-même, interprète de Vera Drake), qui, sur une échelle du bonheur variant de 1 à 10, se positionne sans la moindre hésitation sur... 1 (superbe séquence initiale qui constitue quasiment un court métrage à elle seule et représente une pierre angulaire qui donne le ton de la suite) ; Ken, obèse d'alcool et de solitude mêlés ; Ronnie, frère monosyllabique de Tom, veuf et esseulé ; son fils Carl, qui exsude  la violence, la rancoeur et le mal-être dans chacun de ses gestes brusques et chacune des rares paroles qu'il éructe...

Autant d'êtres inadaptés à l'existence moderne, incapables de communiquer entre eux, repliés dans leurs propres angoisses et leur mystère. Et Mary enfin, portée par une étonnante Lesley Manville, femme pétrie de doutes et de failles, secrétaire secrètement amoureuse de Joe, mélanco-alcoolique hyperactive qui noie sa terreur de l'isolement dans une logorrhée sans fin : un personnage délaissé par l'existence, qui sème la pagaille autour d'elle involontairement, mais auquel le spectateur s'attache malgré ses outrances et ses maladresses, jusqu'à cette séquence finale où, bien qu'entourée de ses seuls amis, sa solitude profonde et son désespoir rejaillissent au détour d'un gros plan qui dévoile son regard perdu. La solitude au milieu de la foule. L'humanité selon Mike Leigh, au sein de laquelle cohabitent cruauté et compassion, indifférence et empathie.

(Roland Kermarec)

   

poetry

Poetry de Lee Chang-Dong (Corée du Sud)

Le Festival de Cannes 2010 aura décidément été porté par une vague de méditation, de contemplation, de spiritualité, avec "Uncle Boonmee", "Des Hommes et des Dieux" et "Poetry", ce film du Sud-Coréen Lee Changdong, et une telle orientation du cinéma actuel convient parfaitement à mon état d'esprit et reflète peut-être une évolution de la pensée de notre société.

Le cinéma de Corée du Sud m'intéresse énormément depuis plusieurs années, à travers notamment le travail sur les genres qu'opèrent des cinéastes comme Park Chan-Wook. Lee Changdong semble appartenir cependant à une autre famille de cinéma, à une veine plus élégiaque, qui envisage une lecture plus distanciée de notre univers contemporain et de la douleur qui peut en émerger, tant il aurait été aisé de transformer le scénario de "Poetry" en thriller en décalant légèrement certains éléments.

Je n'ai pas véritablement envie de disserter longuement sur "Poetry", simplement d'indiquer sans doute qu'il est apaisant de flotter au rythme lancinant et harmonieux de ses images, d'y entendre un appel à apprendre à déceler autour de soi la poésie du quotidien, même au sein des événements et des environnements les plus ordinaires, un appel à se protéger de la violence glauque et glaçante du monde en se réfugiant dans son monde intérieur. De réapprendre à VOIR le monde véritablement.

(Roland Kermarec)

 

des_hommes_et_des_dieux

Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois (France)

"Des Hommes et des Dieux" est un film ample et profond dont il est malaisé de parler en quelques mots. Donner son point de vue personnel sur le Grand Prix du festival de Cannes revient peut-être à tenter de déterminer le sujet réel du film, tant celui-ci est parcouru de thèmes riches et divers, tant chacun peut sans doute y puiser des idées extrêmement variées. L'oeuvre de Xavier Beauvois n'est pas selon moi un film sur la religion. Ce n'est pas non plus simplement une pure chronique des derniers jours des moines assassinés à Tibhirine en 1996 et encore moins une enquête sur les circonstances de leur mort. J'y ai vu apparaître un certain nombre de questions, en particulier sur la réaction fournir devant le surgissement de la violence. Partir, ou rester ? Se taire, ou se lancer dans un improbable dialogue ? Se résigner, continuer comme avant, jouer l'indifférence ?

"Des Hommes et des Dieux" alterne des séquences qui nous caressent et nous bousculent, nous apaisent et nous tourmentent. Des déchaînements rapides de brutalité visuelle et sonore et des instants de contemplation, à commencer par les marches méditatives du Frère Christian dans la campagne algérienne, les regards perdus du Frère Christophe dans son jardin. Alchimie d'une série d'interprètes qui incarnent les failles et les forces de leurs personnages, leurs fragilités comme leurs grandeurs d'âme, mais qui existent aussi individuellement et composent un très beau portrait de groupe d'une communauté soudée. Une séquence magistrale et impressionnante résume cette idée, une perle de mise en scène : le "combat" sonore victorieux du chant de ces hommes contre un hélicoptère menaçant de l'armée. Un grand film, qui pousse à méditer.

Deux bons articles du Figaro pour aller plus loin à propos des moines de Tibhirine :

Moines de Tibhirine : qui a peur de la vérité ?

L'esprit souffle encore à Tibhirine

Un dossier très fourni du magazine La Croix :

L'histoire des moines de Tibhirine

Des extraits du très beau testament du Frère Christian :

Testament

(Roland Kermarec)

 

dans_ses_yeux

El secreto de sus Ojos de Juan Jose Campanella (Argentine)

Peut-être à tort, j'associe souvent cinéma argentin, voire même cinéma sud-américain dans son ensemble, à des films solidement ancrés dans la réalité sociale et politique de leurs pays d'origine, des "films à thèse" qui reviennent sur l'histoire souvent chargée de ces pays, même si cela n'est d'ailleurs pas un défaut en soi dans mon esprit : je pense notamment à l'excellent Buenos Aires 1977 ou à Kamchatka, déjà interprété par Ricardo Darin, qui semble être l'acteur incontournable en Argentine (il était aussi excellent dans XXY). Il y a naturellement d'autres films qui ne répondent pas à cette règle, mais les distributeurs occidentaux mettent peut-être davantage l'accent sur ces productions qui informent les spectateurs et portent un message fort politiquement. L'intrigue de El Secreto de sus Ojos s'éloigne de ce principe (même si on perçoit en arrière plan une dénonciation de la corruption de la justice) pour s'approcher d'un film de genre.

Même si ce polar argentin n'est pas aussi revivifiant que la vague actuelle sud-coréenne, qui dynamite le genre de l'intérieur, son traitement est néanmoins très dépaysant et rafraîchissant par comparaison à son "modèle nord américain". Au-delà de la partie "enquête policière", qui m'a tenu en haleine d'un bout à l'autre, au-delà d'une beauté visuelle des images (je mentionnerai par exemple ce superbe plan d'installation qui survole un stade, balaye la pelouse et les joueurs en plongée totale avant de cadrer les personnages dans les tribunes), ce que le réalisateur dit de la mémoire et du cinéma est ce qui m'a le plus passionné dans ce long métrage. Une bonne partie des retours en arrière est en effet sujette à caution, puisqu'ils passent par le tamis de la mémoire du protagoniste principal. Certains "plans du passé" sont donc ainsi en grande partie imaginaires et interchangeables (les séquences initiales complexes ou le réalisateur donne à voir les différents débuts de romans possibles que tente d'écrire le héros), certaines sont basées sur les hypothèses du "détective" (le sacrifice de son acolyte, avec l'histoire des portraits retournés), d'autres sont "romancés" (la séquence de l'adieu sur les quais, dont la femme juriste dit qu'elle ne lui paraissait pas si douloureusement tragique et "cinématographique" dans sa propre mémoire), d'autres enfin sont totalement mensongères, à l'image des flashs backs mensongers des Proies de Don Siegel (l'exécution du criminel), ce qui provoque un génial doute permanent du spectateur devant la véracité de qu'il a "sous les yeux".

(Roland Kermarec)

   

the_social_network

The Social Network de David Fincher (Etats-Unis)

D'accord, vous n'utilisez pas FaceBook. Vous ne pokez pas vos amis sur leur "wall", et vous ne les "taggez" pas sur vos "pics". FaceBook, vous êtes même plutôt contre. Ca tombe bien, The Social Network ne parle pas de FaceBook.

Un étudiant trouve une idée qui fera de lui le milliardaire le plus jeune du monde. Comment trouve-t-il cette idée ? Comment la fait-il fructifier ? Pourquoi, avec qui, malgré quoi ? La voilà, l'histoire du film. Ah oui, cette idée se trouve être celle d'un réseau social sur Internet qui s'appellera FaceBook. Soit.

David Fincher (et le scénariste du film, Aaron Sorkin) nous parle d'ambition, de solitude, d'amitié, de trahison. Si le petit Mark Zuckerberg a eu cette idée géniale, c'était d'abord pour épater les filles et ses camarades de fac. L'inventeur de la roue avait peut-être les mêmes motivations, qui sait...

Observez bien la scène d'introduction, tout le film y est : les personnages, leurs motivations, les rapports de force, les enjeux... Un modèle d'écriture. Fincher aurait tourné 100 prises avant d'être satisfait du résultat.

Je pense que David Fincher est le meilleur cinéaste actuel. La tension de Se7en, la branchitude et la transgression (les deux sont censés s'annuler, mais pas là) de Fight Club, la sophistication de Panic Room, la construction de Zodiac (film hommage aux Hommes du Président - règle n°1: ne jamais perdre une occasion de parler des Hommes du Président), le lyrisme absolu de Benjamin Button, font de lui le cinéaste américain le plus créatif d'aujourd'hui. Ses films sont du PUR cinéma, notamment car il possède une qualité devenue rare : Fincher est à la fois un technicien et un auteur.

Dernière chose : les acteurs de The Social Network parlent vite. Cela donne au film une vitalité et un ton d'une modernité désarçonnante. Mais la raison est bien plus simple : Fincher avait interdiction de faire un film de plus de 2h (ses deux précédents films duraient 2h35 et 2h36), il a donc demandé aux acteurs de parler plus vite possible pour resserrer le film. David Fincher est un génie, même dans l'adversité.

P.S. : Vous reverrez prochainement Rooney Mara, premier rôle féminin de ce film, en Lisbeth Salander dans une nouvelle adaptation du Millenium de Stieg Larsson réalisée par... David Fincher.

(Pierre Dupont)

   

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Sound of Noise, de Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson (Suède)

Au Royaume de Suède, il existe une vie après "Millénium" ! "Sound of Noise" réussit à nous faire oublier que le cinéma scandinave ne se limite pas aux seules adaptations des best sellers de Stieg Larsson. Ses réalisateurs Ola Simonsson et Johannes Stjärne Nilsson ont détourné le concept de la tragédie musicale de "Dancer in the Dark" pour la faire glisser dans le monde du burlesque et de l'absurde : le personnage de Selma / Björk happait les sons qui l'environnaient et les intégrait à une musique interne pour échapper à une réalité étouffante, le sextuor de drummers / dreamers allumés de "Sound of Noise" veut transformer les sons les plus anodins et triviaux de notre modernité pour les digérer et les recracher dans une partition poétique, dans un geste mêlant installation artistique et militantisme contre la société de consommation.

Pleine réussite atypique durant ses séquences musicales, qui sont autant de petits bijoux en soi, en particulier le concerto pour salle d'opération et la symphonie du tiroir caisse, variations réjouissantes sur la vague de la musique concrète, "Sound of Noise" peine davantage à capter l'attention durant ses intermèdes narratifs, qui ressemblent davantage à des sas durant lesquels on se surprend à attendre le délire suivant, sonore et visuel que représentent ces morceaux de bravoure dans le jeu, le montage et la composition musicale.

(Roland Kermarec)

 

les_chaussons_rouges

Les Chaussons Rouges / The Red Shoes de Michael Powell & Emeric Pressburger (1948)

"The Red Shoes" mérite bien l'émerveillement que manifestent de grands cinéastes à son égard, à commencer par Martin Scorsese ou Bertrand Tavernier. Le superbe "ballet cinématographique" qui donne son titre au long métrage, construit sur une succession de décors formidables, d'incrustations et de transparences, mêlant la fluidité de la danse au "naturel" des trucages (les chaussons rouges qui s'enfilent seuls par la simple magie du montage), est un véritable bijou qui illustre magnifiquement le conte d'Andersen et mérite à lui seul la vision de ce film de Michael Powell et Emeric Pressburger. Ce joyau est placé au centre d'un écrin qui le met en valeur et le fait châtoyer en Technicolor, grâce à un excellent scénario qui plonge les personnages dans une mise en abyme à la source de réflexions sur les relations complexes entre vie et art, entre amour et création, entre postérité et bonheur de l'ordinaire, entre vocation et ambition dévorante... sans compter d'autres thèmes qui viennent enrichir le sujet central : Pygmalion, la rivalité amoureuse ou artistique, etc. Une oeuvre riche et rare sur laquelle le temps a glissé...

"The Red Shoes are never tired. They dance her out into the street, they dance her over the mountains and valleys, through fields and forests, through night and day. Time rushes by, love rushes by, life rushes by, but the Red Shoes go on."

(Roland Kermarec)

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