Programme Mars 2010
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L'avis des Montreurs
Profession Reporter de Michelangelo Antonioni (Italie - Etats-Unis / 1975)
Le film se termine par l'un des plus éblouissants plans séquences de l'histoire du cinéma qui dure près de dix minutes. La caméra cadre Jack Nicholson sur le lit d'une chambre d'hôtel dans un petit village d'Andalousie. Puis elle sort sur la place, écrasée de soleil, montre en plan large l'arrivée d'une voiture, puis des carabiniers. La caméra rentre alors dans la chambre. Un seul plan de près de dix minutes. Jamais la sensation de calme, de torpeur, d'écrasement que l'on peut ressentir en plein été dans un village d'Andalousie n'a été montrée ainsi au cinéma.
Et une atmosphère de calme mais aussi d'irréversibilité du destin domine toute la scène. Il semble qu'il ne se passe rien alors que le dénouement se joue. Le choix d'Antonioni de résister au besoin de filmer le moment décisif de l'histoire, de le dédramatiser, d'annuler l'événement, couronne les choix de mise en scène qui dominent tout le film.
"Donnez-moi de nouvelles fins, a dit Tchékov, et je réinventerai la littérature."
Un des chefs d'oeuvre de l'histoire du cinéma.
(Michel Pujos)
Liberté de Tony Gatlif (France)
Un grand film, qui met au jour un des pans oubliés et même dissimulés de notre histoire : la déportation de milliers de tsiganes. Le film de Tony Gatlif, que ce dernier a longtemps porté en lui et mûri, serait déjà important s'il se contentait de rappeler cet épisode méconnu et peu glorieux du gouvernement de Vichy. Mais il le fait avec la verve que l'on connaît de Tony Gatlif, avec de la générosité, de l'enthousiasme, sans atermoiements, sans pathos dégoulinant. La mise en scène est relativement posée et pensée, contrairement à certains de ses films filmés à l'arrache. Certaines séquences sont remarquables, comme celle où "Taloche" retrouve "une montre" le long des rails, ou comme la séquence initiale, prodigieuse de grâce et de poésie. La musique, comme toujours chez Gatlif, est à la hauteur. A ne pas manquer !
(Roland Kermarec)
Huacho d'Alejandro Fernandez Almendras (Chili / Allemagne / France)
Le cinéaste chilien évoque, dans un environnement qu'il connaît bien, la vie laborieuse d'une famille de petits agriculteurs. Le jeune garçon envoyé à la ville pour étudier fait l'expérience de l'étanchéité de ces deux univers qui coexistent sans se connaître : celui des paysans et celui des citadins / consommateurs. Pour moi, la plus belle séquence est celle de la mère vendant ses fromages au bord de la route, pour trois fois rien, à des citadins pressés qui se permettent encore de marchander. La caméra est sobre, respectueuse, les acteurs, non professionnels, sont vrais et donc extrêmement émouvants.
(Michelle Savarieau)
Les Animations des Montreurs
Vendredi 5 mars, 20h30 - Invictus
La projection du long métrage de Clint Eastwood (dont vous pouvez consulter le dossier de presse ci-après) sera suivie d'une rencontre avec les rugbymen Pierre Lacroix, Henri Broncan et Henri Cazaubon. Détails dans le prospectus ci-dessous :
Lundi 8 mars, 20h30 - Premières Neiges
Dans le cadre de la Journée de la Femme, ce film franco-bosniaque de Aida Begic sera suivi d'une discussion avec des membres du Planning Familial.
Mercredi 10 mars, 20h30 - Liberté
En partenariat avec 100% Collectif et la Ligue de l'Enseignement, les Montreurs d'Images vous invitent à assister à une projection de Liberté de Tony Gatlif dans le cadre de la Quinzaine d'éducation contre le racisme. La projection sera suivie d'une rencontre avec Bernard Reinhardt, de l'Association Sociale Nationale et Internationale Tzigane.
Vendredi 12 mars à partir de 18h15 - Carte Blanche Jean-Bernard Pouy
En partenariat avec la Bibliothèque Municipale d'Agen, les Montreurs mettent en place une carte blanche à Jean-Bernard Pouy dans le cadre du 5e festival Polar'encontre. Jean-Bernard Pouy est écrivain. Il a été lauréat en 2008 du Grand Prix de l'Humour Noir pour l'ensemble de son oeuvre.
Renseignements complémentaires sur le déroulement de la soirée et les tarifs dans le prospectus suivant :
Samedi 13 mars - Week-End sous Acid !
En partenariant avec l'Acid, les Montreurs vous proposent la Journée du Cinéma Indépendant, orchestrée autour des projections et présentations des films Huacho de Alejandro Fernandez Almendras, Lettre à la Prison de Marc Scialom et La Pivellina de Tizza Covi et Rainer Frimmel.
L'Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion a été créée en 1992 par des cinéastes qui refusaient la perspective d'un cinéma régi par un modèle unique, excluant progressivement toute expression et toute diffusion cinématographique indépendante. La force du travail de l'ACID est avant tout son idée fondatrice unique : le soutien par des cinéastes de films d'autres cinéastes, français ou étrangers.
Renseignements complémentaires sur le déroulement de la journée et les tarifs dans le prospectus et les deux dossiers de presse ci-dessous :
Du 24 au 30 mars - Semaine Latino
Comme chaque année, nous vous proposons une semaine du Cinéma d'Amérique Latine, en partenariat avec l'Association Rencontre Cinémas d'Amérique Latine de Toulouse (ARCALT).
Dans ce cadre, la projection de Ilusiones Opticas du jeudi 25 mars sera suivie d'une rencontre avec Cristian Jimenez, le réalisateur du film.
Des détails complémentaires sur cette soirée :
Quelques réflexions sur les films que nous allons projeter lors de la semaine latino-américain, de la part de Michelle Savarieau, membre du CA des Montreurs d'Images et "maître d'oeuvre" de cette semaine chaque année :
"On peut établir un pont entre La Nana et El nino pez sur le thème des personnels de service. La nana, comme la guayi du second film, sont des bonnes à plein temps, immergées dans la famille qui les emploie depuis fort longtemps. Elles font, soi-disant, partie de la famille, mais pas vraiment... On remarquera, par exemple, qu'elles ne portent pas de nom. Elles sont désignées soit par leur pays d'origine - la guayi - soit par leur fonction - la nana.
L'Argentine comme le Chili, pays dits émergeants, reçoivent des immigrés des pays voisins moins "développés". C'est ainsi que les familles aisées emploient des indigènes comme bonnes : la guayi signifie la Paraguayenne ; et dans le film chilien une bonne bolivienne tentera, en vain, de cohabiter dans la famille avec la nana.
Mais le flux migratoire le plus puissant est celui qui conduit les pauvres vers le nord. Dans Padre Nuestro (ces deux mots sont le début de la prière en langue espagnole), deux jeunes mexicains clandestins cherchent le même père, à New-York. Mais, pour Pedro, Sergio est son père légitime tandis que Juan usurpe l'identité de Pedro pour s'emparer des économies de Sergio. Pourtant, insensiblement de vrais liens filiaux et paternels vont se tisser entre ce faux père et ce faux fils et c'est là toute la beauté du film, par ailleurs très bien construit et vivement mené comme un thriller.
On peut aussi faire un pont entre Huacho que nous avons projeté la semaine dernière et Ilusiones Opticas. Ces deux films s'interrogent, en empruntant des styles très différents, sur comment le Chili rural et le Chili d'une ville moyenne de province peuvent / ou ne peuvent pas / trouver et prendre leur place dans la mondialisation.
Illusiones Opticas est un film dont l'humour décalé, pince-sans-rire, nous fera découvrir que le Chili est le pays le plus "nordique" (eh oui !) des pays latino-américains. C'est pourquoi on peut comparer le style de Cristion Jimenez à celui de Kaurismaki.
Cristion Jimenez vient nous rencontrer jeudi. Ne ratez pas cette soirée !"
(Michelle Savarieau)